Doxylamine : Y a-t-il une dépendance ?

f8120-doxdoxLa doxylamine (Donormyl) est un anti-histaminique H1 couramment utilisé comme hypnotique.

Mais étant donné sa pharmacodynamie, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’existe pas de tolérance ni de dépendance comme avec les benzodiazépines et apparentés.

Un patient sous Doxylamine ne pourra donc pas avoir de syndrome de sevrage. La seule dépendance possible est la dépendance psychique (peur de ne pouvoir s’endormir sans médicament). Et même si ce type de dépendance est peu documenté (une seule étude officielle réalisée par l’équipe du Pr Roussin, du service de Pharmacologie au CHU de Toulouse), on peut aisément et fréquemment l’identifier au comptoir.

Ainsi, il est bon de rappeler que la prise en charge d’une insomnie par doxylamine doit se limiter à 5 jours. Au-delà, le traitement doit être réévalué.

Rappelons enfin que si une accoutumance est constatée au comptoir, il est obligatoire de la déclarer aux centres d’addictovigilance (http://www.addictovigilance.fr/nots-en-ligne).

ABSTRACT DE L’ETUDE

Les chercheurs ont demandé à 145 pharmacies (pour 915 questionnaires distribuées) de faire remplir un questionnaire aux personnes se présentant pour acheter spontanément soit des antalgiques associant paracétamol et codéine soit des antihistaminiques à effet sédatif. Les pharmacies devaient demander la même chose à des clients venant acheter du paracétamol, de manière à constituer un groupe témoin.

Ce questionnaire était destiné à détecter les mésusages (par exemple, l’utilisation d’antihistaminiques à effet sédatif pendant plus de cinq jours consécutifs), les abus ou la dépendance aux médicaments.

Les résultats montrent que l’âge moyen des consommateurs est de 48 ans. Deux tiers sont des femmes. Le mésusage est extrêmement (bien plus qu’avec les antalgiques) fréquent pour les antihistaminiques à effet sédatif : 72,2 % des consommateurs de doxylamine en consomment quotidiennement et 61,5 % depuis plus de 6 mois. Les patients justifient cette durée par le retour des insomnies en cas d’arrêt du médicament.

Le Pr Roussin explique : « Ces résultats montrent qu’une dépendance s’installe effectivement chez de nombreux utilisateurs. Cela pose plusieurs problèmes. D’abord, l’efficacité des antihistaminiques sédatifs a été évaluée sur du court terme et rien ne garantit leur efficacité au-delà de quelques jours ou quelques semaines. Pour les antalgiques codéinés, on sait même qu’au contraire, l’abus ou l’usage persistant contribue à l’installation de céphalées quotidiennes chroniques. Par ailleurs, ces deux types de médicaments entrainent des problèmes de vigilance. Ces prises prolongées posent donc la question d’un risque accru d’accidents de la route ou de la vie quotidienne, comme des chutes ».

Dr Ordoscopie, Pharmacien

Source(s)
– VIDAL, RCP Donormyl
– A. Roussin et coll, Misuse and Dependence on Non-Prescription Codeine Analgesics or Sedative H1 Antihistamines by Adults: A Cross-Sectional Investigation in France, PLoS One, octobre 2013
– INSERM,  Mésusage, abus et dépendance à des médicaments disponibles sans ordonnance

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