Il était une fois… La bave d’escargot (Hélicidine)

Les hélices, appelées vulgairement « escargots » ou « limaçons », sont depuis l’Antiquité recommandées en médecine et utilisées dans les préparations pharmaceutiques. 

L’ANTIQUITÉ

Associée à la féminité et à la fécondité, elle se voit dotée de propriétés curatives censées agir sur les maladies s’y rapportant.

Ainsi, tandis qu’Hippocrate recommande le mucus du limaçon contre la protocèle (hernie formée par le rectum), Celse considère l’escargot comme cicatrisant quand cru et pilé avec sa coquille, et comme émollient quand bouilli. Pline quant à lui considère qu’il accélère l’accouchement et adoucit la douleur occasionnée par les brûlures, les abcès ou autres plaies. Il recommande aussi les escargots pour les saignements de nez, les maux d’estomac et de nombreuses autres pathologies telles que « les rages de dents, ceux qui crachent le sang, toux rhumatismales, sujets aux évanouissements, aux vertiges, aux accès de folie, goutte, épilepsie, etc. »

XIXème SIÈCLE

Au 19ème siècle, il y a un regain d’intérêt pour l’escargot et son utilisation thérapeutique de la part de célèbres pharmaciens :

Tarenne indique la capacité du suc d’escargot à guérir une hernie  : « sa viscosité, sa force astringente ou de contraction et ses facultés reproductrices me firent aussitôt présumer qu’il fermerait, de quelque manière que ce soit, les ouvertures herniaires. »

En 1840, O. Figuier publie un Mémoire sur la composition chimique des escargots et sur les préparations pharmaceutiques dont ils sont la base. Il donne alors le nom d’hélicine à l’huile transparente de couleur jaune, extraite d’Hélix pomatia mais aussi de « toutes les grosses espèces d’escargots ».

Enfin, Baron-Barthélémy, explique que les préparations héliciées peuvent être employées contre « la plupart des phlegmasies (inflammations), contre les rhumes et les toux opiniâtres, les bronchites, les asthmes, les diverses hémoptysies, les inflammations des amygdales, angines, enrouements, grippe, coqueluche ; les toux nerveuses de l’enfant ; les affections des poumons (pneumonie, phtisie pulmonaire) ; les crampes nerveuses de l’estomac et des intestins, gastrites ; les migraines dépendant d’une indisposition maladive de l’estomac ; la toux qui suit ou accompagne les maladies inflammatoires de la peau, telles que rougeole, scarlatine, petite vérole et érésipèle ; les maladies longues, accompagnées d’irritation ou de dépérissement ; et certaines affections cutanées. »

XXème SIÈCLE : « DE LA BAVE D’ESCARGOT S’IL VOUS PLAIT, J’AI UNE TOUX SÈCHE »

Au 20ème siècle, l’histoire des escargots est marquée par les travaux de Quevauviller qui précise les propriétés des Hélix : une activité mucolytique (fluidifiante) in vitro, une action inhibitrice sur les cultures de bacilles coquelucheux et des propriétés spasmolytiques (antispasmodiques) sur les voies respiratoires. Cependant cette dernière n’apparaît qu’à fortes doses et non aux doses thérapeutiques.

L’aboutissement des travaux de Quevauviller et de son équipe se fait en 1957 avec la mise sur le marché de l’Hélicidine, sirop antitussif employé chez l’adulte et l’enfant comme chez le nourrisson. Cette spécialité est encore commercialisée aujourd’hui.

Mais les découvertes ne s’arrêtent pas là : en effet l’Helix pomatia contient une lectine marqueur de tissus métastatiques et certains escargots marins sécrètent des neurotoxines dont les dérivés semblent être de puissants analgésiques.

Le petit mollusque n’a pas encore dit son dernier mot…

Dr Ordoscopie, Pharmacien, avec la contribution de S., Pharmacienne

Source(s)
– Hélices et médicaments : l’escargot au service de la santé depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ?, Bruno Bonnemain, Revue d’histoire de la pharmacie, 2003

3 Comments

  1. De même c'est leur bave qui préserve les limaces des blessures et des infections.
    Jadis, on avalait des limaces toutes crues afin de soigner les maladies pulmonaires… Et pour renforcer leur organisme, les soldats de l’armée napoléonienne en emportaient avec eux au cours des campagnes guerrières.

1 Trackback / Pingback

  1. B comme…Bronchite, B comme…Branchs – Ils étaient une fois…bienvenue chez mes ancêtres.

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