Sous ce titre provocateur, aucune apologie belliciste. Simplement l’amer constat que – malheureusement – les guerres ont été l’occasion de progrès techniques et médicaux, sans compter… humanitaires comme la Croix Rouge en 1859. Limitons-nous pour le reste aux deux derniers conflits mondiaux.
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Commençons par la première guerre « totale » : celle de 1914-1918. Ses technologies et sa violence toute nouvelle obligèrent à de nombreuses avancées médicales.
En premier lieu l’utilisation systématique du « soluté de Dakin » (mis au point par l’anglo-américain Henry Dakin) à partir de 1915 pour aseptiser les sites opératoires, couplée aux techniques chirurgicales d’Alexis Carrel, le futur auteur de « l’homme cet inconnu », avec ses idées folles, paru en 1933.
Et c’est à ce soluté de Dakin que l’on doit, en reconnaissance au rôle des pharmaciens du front, la transformation des « écoles de pharmacie » en « facultés » (décret de 1920).
En deuxième lieu, l’utilisation de l’automobile vit, outre des blocs opératoires à quatre roues, les blocs radiologiques mobiles mis au point par Marie Curie et sa fille Irène, utilisés pour le repérage radiologique des balles (les « p’tites Curie »), précurseurs des camions mobiles encore utilisés aujourd’hui par la médecine du travail… Les deux femmes eurent d’ailleurs un comportement humain et infirmier que les anciens combattants n’oublièrent jamais…
Nous devons aussi à cette même guerre un essor de la larvothérapie, et dès 1931 les laboratoires LEDERLE aux Etats-Unis commercialisent des « larves thérapeutiques ».
SECONDE GUERRE MONDIALE
Passons au second conflit mondial. Il y eut une bataille bactériologique : les antibiotiques – limités à cette date à la seule pénicilline – connus seulement des alliés (la première injection de pénicilline eut lieu en 1941 sur un policier londonien…). Accompagnés des solutés de perfusion en verre, ces armes de guérison massive assurèrent la prévention de la gangrène gazeuse ainsi également que l’éradication des épidémies secondaires au typhus à la sortie des camps de concentration.
Quant aux flacons de verre, c’est une autre guerre (le Viêt-Nam) qui verra leur disparition au profit des poches PVC – de parachutage évidemment plus facile !
Terminons par une exception : le coton hydrophile industrialisé par Paul Hartmann en 1873, c’est-à-dire, après la fin de la guerre de sécession et le retour en Europe du coton des Etats-Unis.
Mais rassurons-nous, entre deux guerres, l’humanité et l’industrie pharmaceutique sont capables de nous offrir du progrès…
Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur :
Dr Dominique Piettre, Pharmacien hospitalier honoraire
Il y a aussi la campagne napoléonienne en Prusse en 1806 qui a donné au métier pharmacien grossiste et de pharmacien militaire.