Près de deux tiers des patients atteints de dépression sévère ne répondent pas à leur premier médicament antidépresseur, ou présentent des effets indésirables (dysfonctionnement sexuel et/ou gain de poids). Et il est peu probable qu’un patient réponde s’il n’y a pas eu d’amélioration après trois à quatre semaines à une dose adéquate de traitement.
Après vérification du diagnostic, de la dose, et de l’adhésion au traitement, un changement d’antidépresseur peut ainsi être indiqué.
Mais ce passage d’un antidépresseur à un autre doit être effectué avec précaution et sous étroite observation.
C’est dans ce cadre que la revue indépendante médicale AustralianPrescriber a élaboré un guide sous forme de tableau pour aider à réaliser cette transition délicate :
STRATÉGIES DE CHANGEMENT
Le switch entre deux antidépresseurs implique l’arrêt d’un médicament, ce qui peut provoquer des symptômes de sevrage, des rechutes ou une exacerbation de la maladie psychiatrique. Le retrait progressif de l’antidépresseur réduit le risque de complications. Si la période de « lavage » n’est pas suffisamment longue (définie par la demi-vie du médicament), l’introduction d’un nouvel antidépresseur peut provoquer des interactions médicamenteuses conduisant à une toxicité, en particulier le syndrome sérotoninergique.
Ces considérations générales étant prises, on distingue quatre stratégies de switch :
- La stratégie la plus « prudente », avec le risque le plus faible d’interactions médicamenteuses, consiste à diminuer progressivement la dose du premier antidépresseur pour minimiser les symptômes de sevrage, puis à commencer une période de « lavage » équivalente à cinq demi-vies du médicament. Cinq demi-vies équivalent à environ cinq jours pour la plupart des IRSS, à l’exception de la fluoxétine, qui peut encore être active cinq semaines ou plus après son arrêt.
Le deuxième antidépresseur est ensuite introduit selon les recommandations de dose initiale. - Comme la stratégie « prudente » peut prendre beaucoup de temps et inclure des périodes où le patient se retrouve sans traitement (avec un risque d’exacerbations – potentiellement mortelles – de la maladie), un compromis peut-être trouvé avec le switch « intermédiaire ». Ici, la période de lavage peut être raccourcie à environ deux jours.
Le risque d’interactions médicamenteuses augmente avec cette approche, mais est encore assez faible. - La stratégie de switch « croisé », où le premier antidépresseur est réduit peu à peu tandis que le deuxième est introduit à faible dose et augmenté progressivement. Cette méthode peut être effectuée en toute sécurité avec certains antidépresseurs uniquement (cf. tableau).
- Le switch « immédiat », qui nécessite une grande expertise. Ce protocole consiste à arrêter un antidépresseur et à en commencer un autre le lendemain à la dose thérapeutique habituelle. Cette méthode présente un risque considérable de symptômes de sevrage et d’interactions médicamenteuses.
ARRÊTER UN ANTIDÉPRESSEUR
En plus des raisons citées au début, l’arrêt d’un antidépresseur peut également être décidé après un épisode de dépression bien traité – habituellement six à neuf mois après le dernier épisode dépressif.
Après une utilisation de plus de six semaines, tous les antidépresseurs peuvent causer des syndromes de retrait s’ils sont arrêtés ou rapidement réduits (sauf l’Agomélatine). La rechute et l’exacerbation de la dépression peuvent également se produire.
La période habituelle recommandée pour la réduction d’un antidépresseur est d’au moins quatre semaines. Cependant, un arrêt « abrupte » peut parfois être inévitable pour des raisons cliniques.
Les symptômes de sevrage antérieurs lors du traitement antidépresseur sont des prédicteurs des problèmes d’interruptions futurs.
Dr Ordoscopie, Pharmacien, avec la relecture du Dr B., Psychiatre
Ya une autre stratégie d’arrêt d’antidépresseurs, qui consiste à terminer le dernier jour du switch classique avec un comprimé de fluoxetine (demi-vie longue).
Je ne trouve pas de biblio sur cette pratique. Serait-il possible d’avoir des sources 🙂 ?
C’est une technique très officieuse de psychiatre, qu’on utilise avec n’importe quel AD, et qui permet « d’apaiser l’arrêt »…
Dr RB, Psychiatre
Article juste genial ! je nai jamais aussi bien compris ces sxitch que maintenant! merci
Deux psychiatres m’ont prescrit de switcher en continuant seroplex 10 pendant 15 jours en même temps que je commence Ixel 2 par jours soit 100 mg
Je suis inquiète de développer un syndrome serotoninergique
Que dois-je faire
Laurence
Je suis sur le seroxate 20 ans mais il n a plus d effet que faire
se méfier des fenêtres trop courtes entre les 2 , danger sur dose
Arrêt sertraline 25 1 jour pour fluoxetine 10
Très mal. Crise angoisses , somnolence , épuisement démoralisée .
Combien de jours effets positifs, moins angoisants